À chaque espace ses végétaux et son mode de gestion adapté

Enquête - Le 29 juin 2021



Jardin des plantes, Nantes. © AJJH.

De nombreuses municipalités choisissent de mettre en place la gestion différenciée des espaces verts. Cette pratique alternative envisage la prise en charge des sites naturels selon trois critères principaux : leurs spécificités en fonction de leurs usages, les méthodes d’entretien durables et la protection de l’écosystème. Revue de détails centrée sur l’enherbement, du gazon d’ornement à la pelouse fleurie.

La gestion différenciée représente une avancée importante dans la préservation de la biodiversité animale et végétale ainsi qu’un moyen d’optimiser le temps de travail des agents dans le cadre de leur mission de gestion des espaces verts. Elle facilite aussi le respect du zéro phyto par l’emploi de techniques manuelles, mécaniques ou thermiques.

 

Quelles espèces choisir ?

« Sport, ornement, détente… les réponses végétales, en particulier celles concernant les espaces enherbés, dépendent en premier lieu des usages et des besoins des utilisateurs. Autrement dit, le choix des espèces et variétés est établi en fonction des espaces », explique Julien Bouffartigue, secrétaire général de la section "Semences fourragères et à gazon" de SEMAE (ex Gnis). La végétalisation des abords d’infrastructures et aménagements utilitaires s’appuiera par exemple sur des plantes à la pousse lente, à la pérennité et la densité fortes, aptes à diminuer les tontes.
Parmi les caractéristiques recherchées on retiendra : la couleur du feuillage, la finesse, la résistance au piétinement, à l’arrachage, aux maladies, mais aussi la vitesse d’installation, la limitation de l’apport d’azote (très utile pour garder un aspect vert même sans irrigation), la pousse lente, le volume de tonte faible avec comme corollaire la diminution des déchets verts, sans oublier bien sûr les qualités esthétiques. Autant de paramètres qui aideront à sélectionner les meilleurs gazons – graminées gazon, graminées fourragères, graminées herbacées, petites légumineuses… – sachant qu’un espace végétalisé est le plus souvent composé d’un mélange d’espèces multifonctionnelles comprenant plusieurs formes et valeurs d’usage : l’assortiment associe d’ailleurs généralement entre 5 et 30 % de plantes à fleurs telles que des pâquerettes ou du trèfle rampant. « Les variétés récentes sont en tout cas à privilégier, poursuit Julien Bouffartigue, en ce qu’elles sont plus performantes notamment en conditions défavorables : elles résistent mieux à la sécheresse, même avec peu ou pas d'arrosage, elles sont naturellement plus denses, pérennes, tout en poussant plus lentement, ce qui les rend plus faciles et économiques à entretenir. » Elles s’implantent par ailleurs rapidement, limitent naturellement la présence d’adventices indésirables et présentent une meilleure résistance aux maladies. Pour les gazons, on peut citer la fétuque ovine, la fétuque rouge demi traçante ou encore le ray-grass anglais à semer au printemps ou à l’automne. Le prérequis de s’adapter au contexte régional, urbain, ou microlocal reste, quoi qu’il en soit, la règle principale en visant une appropriation sociale plus large en phase avec les attentes des usagers.


Parc du Vallon, la Duchère, Lyon. © IlexPaysageUrbanisme.

 

Les trois étapes clés d’une gestion différenciée réussie

Avant toute chose, les communes doivent répertorier leurs espaces verts en essayant de décrire le plus précisément possible leur configuration et les objectifs d’entretien de manière quantitative et qualitative. Où sont-ils situés (milieu urbain, péri-urbain, rural) ? Quelles sont les espèces végétales et animales présentes initialement ? Quelles sont les attentes en termes de désherbage ? Certaines zones peuvent-elles avoir un aspect moins contraint en accueillant plus de végétation spontanée ? etc. La cartographie obtenue est détaillée à l’échelle du territoire considéré et intègre en complément les contraintes environnementales et réglementaires, voire le cahier des charges du donneur d’ordre, ainsi que des critères comme la localisation, la fréquentation, les intérêts pour la faune et la flore, les restrictions d’intervention…
Ce premier inventaire va permettre, dans un second temps, de classer les espaces verts à l’aide d’un « code qualité » et de déterminer ainsi les solutions les plus adéquates au cas par cas en précisant les tâches à réaliser, à quelle fréquence et dans quelles modalités (tonte, fauche, broyage, pâturage). Cette classification peut varier selon les municipalités. La Société française des gazons distingue pour sa part six catégories :

  • Catégories 1 à 3 : sport/ornement/détente.
  • Catégories 4 à 6 : pelouses alternatives extensives de classe 1 (espaces structurés jardinés, bases de loisirs, cheminements), classe 2 (dépendances vertes, accotements routiers, aménagements utilitaires) ou classe 3 (espaces fauchés ou broyés).


Le devenir des produits de coupe devra aussi être considéré. À titre d’exemple, les déchets de tonte pourront être recyclés en tant que :

  • fourrage ou litière à destination d’agriculteurs locaux intéressés, de centres équestres… ;
  • paillage à destination des collectivités locales ou de certains professionnels (paysagistes, pépiniéristes, jardineries…) ;
  • compost.


Enfin, troisième étape, l’instauration d’un plan de gestion permet de :

  • rappeler les objectifs à l’échelle du territoire puis site par site, en tenant compte des paramètres sociaux, culturels, environnementaux ou économiques ;
  • les traduire en prescriptions d’entretien ;
  • intégrer le suivi de la gestion écologique à moyen-long terme pour rendre compte des pratiques et les ajuster au besoin.

Le plan de gestion laissera de la place à des typologies variées, des prairies fleuries au paillage, en passant par le fauchage tardif, jusqu’aux espaces dits plus horticoles.

Il restera à expliquer aux citoyens que les « mauvaises » herbes et le jaunissement ne traduisent pas un manque d’entretien mais sont au contraire la démonstration d’un choix écologique et sanitaire qui s’inscrit dans une vision globale !

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