« Tout espace extérieur doit s'inscrire dans la chaîne du végétal. »

Point de vue - Le 18 mai 2021



© USH.

Les différents confinements que nous avons traversé cette dernière année nous ont conduit à réévaluer nos besoins en termes de nature en milieu urbain. Marianne Louis, directrice générale de l’Union sociale pour l’habitat (USH), nous éclaire sur les enjeux renouvelés du logement social en la matière à l’aune de la semaine de l’innovation Hlm.

Quelles évolutions avez-vous noté récemment ?

Nous avons longtemps traité la question de la nature en ville à l'échelle du quartier. Le confinement a montré l’importance des espaces naturels extérieurs à l'échelle de l'îlot ou de l’immeuble pour la qualité de vie des habitants. Les cours et les jardins ont pris une dimension particulière dans le rapport à la convivialité. C’est une respiration essentielle qu’il faut penser dans les projets futurs. Il faut donc traiter le sujet sur ces deux niveaux.

 

Au-delà du bien vivre ensemble, quelles sont les autres opportunités d'une démarche de végétalisation ?

La question de la résilience et notamment des îlots de fraicheur est extrêmement importante. La crise climatique va aller en s'amplifiant, il faut doter nos immeubles en conséquence.
Nous travaillons également de plus en plus sur le domaine de la santé en ville, en particulier sur la problématique de la qualité de l'air. Cela passe par les matériaux, par la conception, mais également par un travail avec des pépiniéristes et des horticulteurs pour choisir par exemple des essences peu allergisantes, ou qui permettent à la biodiversité de s'exprimer au mieux.
Un autre point concerne le « zéro artificialisation nette ». C’est un sujet qui peut faire peur dans l’absolu, mais nous pouvons aussi y contribuer intelligemment. Les bailleurs Hlm qui disposent d’immenses possibilités de compensation et de mutation via les innombrables surfaces de parkings à désimperméabiliser et végétaliser.

 

Quel est selon vous le meilleur levier pour un bon développement des espaces verts dans les logements sociaux ?

Il y a un véritable enjeu culturel pour les locataires face à un idéal encore bien ancré d’hyper entretien, de voies bitumées, etc. La communication et l’expertise des professionnels du secteur sont essentielles pour faciliter nos interventions successives avec les habitants. Nous devons porter conjointement cette pédagogie : qu'est-ce que la baisse de la biodiversité, en quoi c'est important de lui offrir des espaces de reconquête, quand et comment il faut agir, etc.

 

Comment les bailleurs sociaux considèrent-ils le végétal et quelles évolutions professionnelles sont envisagées ?

Tous les projets qui ont été menés autour de l'introduction du végétal ont été positifs, tant du point de vue du quotidien des habitants, que de celui de l'impact climatique ou des relations avec les collectivités locales. On a déjà pu faire énormément avancer les choses dans les années 1990 et 2000 avec les résidentialisations, puisqu'il s'agissait d'attribuer une cour à chaque immeuble, de la sécuriser et la végétaliser. Aujourd’hui, en sus de la prévention situationnelle, tout espace extérieur doit s’inscrire dans la chaîne du végétal avec la sélection de plantes mellifères, l’adoption d’essences locales dans le cadre du circuit court, peu consommatrices en eau…  Nous avons un enjeu sur la professionnalisation des métiers de la maîtrise d’ouvrage autour du paysage au sein même des organismes Hlm.

 

D’où la pertinence du partenariat avec VALHOR ?

Tout à fait. Nous sommes des professionnels de l'immobilier, du bâtiment et de la gestion d’espaces collectifs. Il est donc primordial pour nous de réfléchir sur l’ensemble de ces sujets avec toute la filière des professionnels du paysage.
À ce titre, les Victoires du Paysage sont intéressantes car elles permettent d'apporter leur regard sur des projets de végétalisation, de mettre en avant les réussites et, au contraire, d’identifier les chemins à ne pas emprunter. C'est en croisant les approches professionnelles et les expertises que l'on définit le bon espace vert.
Nous en sommes au début de la réflexion et les champs de développement du partenariat sont nombreux en termes de labellisation ou de reconnaissance des façons de travailler par exemple.
Un grand concours est lancé au niveau européen, le nouveau Bauhaus européen. Il ne portera pas seulement sur la question de l'architecture mais aussi sur comment construire le logement de demain, inclusif et confortable. Ce sont des organisations non-gouvernementales qui doivent répondre par pays. L'originalité de notre réponse va être de proposer d'inclure VAL’HOR afin de construire un projet pour l'Europe à la fois avec des architectes, mais aussi avec des paysagistes !

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