Le végétal, sur les chemins du quotidien

_{Coulée verte de Louverné. © Ouest Aménagements/ V.Deboos.}

Si l’apport bénéfique de la végétalisation en milieu urbain fait consensus, chaque échelle de verdissement compte, notamment au niveau des déplacements quotidiens : domicile-travail, domicile-école, domicile-simple promenade vers des services de proximité (pour les plus âgés notamment), etc. Rappelons que la voiture est utilisée dans 52,9 % des trajets, y compris pour ceux inférieurs à 2 kilomètres (soit moins de vingt minutes de marche ou moins de cinq minutes à vélo).

Ce sont les zones fortement urbanisées et, de fait, fortement minéralisées, au sein desquelles le manque d’espaces verts est le plus ressenti. Cette carence pose un certain nombre de problèmes d’ordre technique mais pas seulement… L’idée de (re)construire la ville sur la ville fait son chemin, à condition que cet essor soit maîtrisé et végétalisé. Le triptyque gagnant est à cet égard de concilier reconquête de l’espace public, préservation de l’équilibre écologique et aspiration des habitants en termes de qualité de vie notamment (lire l'interview d'Étienne Lengereau). Il peut s’agir de réutiliser et de valoriser d’anciennes friches industrielles, de réaffecter des stationnements sous-utilisés ou encore de mettre en œuvre une densification douce par l’ajout de bâtiments secondaires sur les terrains disponibles. La preuve par l’exemple.

Le végétal comme réponse à la densification urbaine

À Bègles (33), le projet de restructuration et d’extension de l’école Jean Zay achevé en 2017 s’est inséré dans un programme plus vaste de rénovation urbaine du quartier du Dorat intégrant la dimension du cadre de vie et de lien social. Concrètement, l’établissement se distingue par des caractéristiques architecturales et environnementales pensées en symbiose dès le départ. Imaginé à l’échelle des enfants, le projet architectural s’adapte, fluide dans son fonctionnement, à un environnement urbain en plein devenir dont l’école est le marqueur.

_{À gauche : Espace éducatif Jean Zay de Bègles. © F. Blaquez. À droite : Ancienne cité minière Sainte-Marie de Pecquencourt. © Pecquencourt DR.}

À Pecquencourt (59), l’accompagnement du végétal s’est inscrit dans un vaste projet de requalification des anciennes cités minières de Lemay, Sainte-Marie et de la rue Gabriel-Péri, trois sites classés comme remarquables par l’UNESCO en 2012. L’agencement initial, en maisons individuelles autour d’équipements collectifs, s’est ainsi révélé parfaitement adapté à un besoin de « vivre-ensemble » toujours plus prégnant. La réhabilitation a ainsi contribué à renforcer l’attractivité des lieux : les espaces dégagés par les friches ont permis de densifier l’habitat sans s’étendre sur les terres agricoles ; les linéaires de cavaliers (anciennes voies ferrées) ont offert des alternatives pour les transports doux ; enfin, les terrils sont devenus des espaces naturels et de loisirs.

Le végétal au cœur des espaces intermédiaires

Les zones moins denses ne sont pas exclues de la réflexion et intègrent de plus en plus, elles-aussi, pleinement le végétal dans leurs infrastructures sans le considérer comme une simple amélioration annexe du paysage.
À Louverné (53), c’est un projet de deux lotissements situés de part et d’autre d’un ruisseau en zone humide non urbanisable qui a motivé la conception et réalisation d’une coulée verte de 5 ha. Ce poumon vert, inscrit dans le plan communal de gestion différenciée des espaces, a permis de renforcer la biodiversité (amphibiens, libellules, flore…) mais aussi de créer de nouveaux cheminements vers le bourg, entre les lotissements, en lien avec les chemins de randonnée. C’est aussi un lieu pédagogique et de rencontre (théâtre de verdure, aire de pique-nique…) très apprécié des habitants.


_{Coulée verte de Louverné. © Ouest Aménagements/ V.Deboos.}

Dans le village rural de Volonne (04), c’est un écoquartier de 2 ha qui a été réalisé. L’opération a permis de transformer des lieux très minéraux en des espaces publics variés, véritables lieux de vie et de rencontre pour la population, où la végétation sous toutes ses formes a une place prépondérante. C’est autour de la maison de santé, de l’école élémentaire et de nouveaux logements sociaux que s’est développé l’écoquartier que l’on traverse à pied sur un chemin en gravier stabilisé. Une placette a été aménagée en lieu et place d’un parking et pourvue de rochers-assises : la « place de l’Enfance ». Elle est prolongée par des jardins pédagogiques et côtoie une aire de jeux naturelle. Enfin, plus loin ont été créés un verger collectif et sa prairie. La requalification des voiries et l’optimisation des stationnements ont permis l’agrandissement des trottoirs et la plantation d’alignements d'arbres et d’îlots verts. Les cheminements piétons ont été totalement repensés pour assurer des déplacements sécurisés et agréables vers les différents équipements et le centre du village. Ce projet a réellement transformé l'espace et amélioré significativement la qualité de vie et le bien-être des habitants.

_{Écoquartier de Volonne. © Marie Calmes.}

Quelles que soient les échelles, intégrer systématiquement le végétal dans les villes et villages de demain demandera du temps pour (ré)aménager les infrastructures, mais aussi revoir nos modes de vie et parvenir petit à petit à faire accepter certains changements.

Le saviez-vous ?
On appelle coulée verte — ou parfois promenade plantée — un espace vert aménagé et protégé dans le cadre d'un plan d'urbanisation. Il peut avoir une vocation de corridor biologique et être un élément d'un réseau écologique ou s'inscrire dans un réseau de déplacements doux. Le concept de trame verte et bleue s'y rattache, sur un périmètre plus étendu.
Une voie verte est une voie de communication autonome réservée aux déplacements non motorisés, tels que ceux des piétons et des vélos. Elle est développée dans un souci d’aménagement intégré valorisant l’environnement, le patrimoine, la qualité de vie et la convivialité.

_{¹ Source Aurélien Bigo, Les transports face au défi de la transition énergétique (thèse de doctorat, 2020).}