« L’écopâturage est une solution compatible avec l’urbanisation. »

Point de vue - Le 17 novembre 2020



Marie Dupont est la responsable Espace public de la commune de Chantepie en Ille-et-Vilaine. Elle s’occupe de la gestion de l’entretien des espaces verts ainsi que du Service Propreté et, à ce titre, nous expose le projet d’écopâturage en cours, ses tenants et ses aboutissants.

Marie Dupont. © Service communication de Chantepie. 
À gauche : Marie Dupont. À droite : Moutons d’Ouessant paissant. © Service communication de Chantepie.

Depuis quand et pour quels projets la commune de Chantepie a-t-elle mis en place de l’écopâturage ?

Nous le mettons en œuvre depuis 2017. Cela ne faisait pas partie d’un projet global mais consistait en une sorte de premier test, avec la volonté d’étendre par la suite cette pratique. À ce jour, aucun nouveau projet n’a été lancé, mais il y a des discussions dans l’idée d’amener plus d’écopâturage dans la commune.

 

Quels animaux avez-vous choisi et pourquoi ? À combien s’élève actuellement le cheptel communal et les zones traitées ?

Au départ, nous avons utilisé des moutons d’Ouessant et des boucs des fossés : aujourd’hui, il reste une petite dizaine de moutons sur un espace de 3000 m². Le choix de ces animaux en particulier participait de la conservation d’espèces patrimoniales et anciennement menacées, adaptées à nos milieux et à nos conditions climatiques.

 

Comment est réparti et disposé votre espace d’écopâturage ?

Il se situe dans les nouveaux quartiers, à côté du nouveau cimetière et à proximité d’une coulée verte, résultant de la volonté de préserver de grands espaces verts parallèlement à l’évolution urbaine. Initialement, c’était un grand espace végétalisé qui a été coupé en deux : une partie pour des jardins familiaux et une autre pour l’écopâturage. J’insiste sur la volonté de la commune d’intégrer ces espaces de verdure à l’urbanisation. L’espace est clôturé, le public ne peut pas rentrer ou toucher les animaux, mais le cheminement piéton aménagé permet aux passants de les voir, lorsqu’ils ne sont cachés par les arbres !

 

Vous affirmez vouloir développer l’écopâturage à Chantepie. Avez-vous déjà pensé à des espaces en particulier et quel est votre retour d’expérience ?

Notre idée serait de le déployer sur des endroits difficiles d’accès et dont la maintenance est ardue comme les bassins tampons, ces grands réservoirs qui permettent de capter, de stocker et d’infiltrer les eaux de pluie. Ce sont des lieux faiblement fréquentés et pour l’entretien desquels on manque parfois de temps. Étant des milieux assez naturels, l’écopâturage pourrait être une solution intéressante. Nous avons tenté précédemment d’installer des moutons le long de la coulée verte, mais ça n’a pas été concluant car les barrières qui protégeaient les animaux et les passants ont été saccagées, ce qui a mis un terme à l’essai.
Nous avons globalement des retours très positifs sur la présence des moutons. Les gens sont contents de voir des animaux. Pendant la période d’hivernage, on nous demande souvent quand ils reviennent, s’ils n’ont pas trop froid, etc. Le public est en demande de ce genre d’initiatives : les habitants s’habituent aux bêtes qui font désormais partie de leur environnement et y sont attachés.

 

L’écopâturage a donc, en plus d’être un moyen d’entretien responsable et économique, une dimension sociale ?

Bien sûr ! La présence d’animaux permet de sensibiliser le public à différentes thématiques comme l’importance de la biodiversité, du patrimoine végétal ou animal, des espèces en voie de disparition, comme les moutons d’Ouessant autrefois. C’est une présence très attractive, notamment chez les enfants, et vectrice d’une forte sensibilisation.

 

Comment s’organise la pratique ?

Nous avons un accord avec un prestataire qui intervient avec ses propres moutons et s’occupe de tout, de la tonte à l’hivernage, en passant par les soins… Techniquement, ce sont des espèces qui sont faites pour vivre sous nos climats, mais le problème majeur est celui du fourrage qui pourrait venir à manquer. Les herbes et les végétaux ont besoin de repousser pour pouvoir continuer de nourrir les moutons à leur retour au printemps.

 

Quelles problématiques avez-vous rencontrées lors de la mise en place de l’écopâturage et qu’envisagez-vous pour de futurs aménagements ?

La première contrainte pour ce genre de projet est de constituer un lieu clos. Il faut ensuite construire un abri s’il y en n’a pas de naturel : ici les arbres jouent ce rôle. Il faut aussi un accès à l’eau. Nous avons la chance d’avoir un petit ruisseau sur la parcelle qui garantit de quoi boire aux moutons. C’est une des raisons pour lesquelles nous avions pensé aux bassins tampons, parce qu’ils sont remplis une bonne partie de l’année.
Les moutons sont par ailleurs des animaux assez silencieux ; ils ne sont pas source de nuisances, surtout entre les jardins familiaux et le cimetière. Les bénéfices sont également significatifs en termes de gestion des déchets verts, de réduction de la pollution mécanique et d’attractivité sociale. Cela permet de créer un écosystème bénéfique à la biodiversité. Nos élus actuels accordent une grande importance à l’entretien responsable des sols et des espaces : l’écopâturage est une solution d’avenir, nous en sommes persuadés.

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