« Passer de l’écologie prescriptive à l’écologie de projet »

Jean-Marc L’Anton, paysagiste
Point de vue - Le 11 juillet 2019


Jean-Marc L’Anton © Philippe Demail / VAL’HORChargé de plusieurs projets paysagers d’ampleur, comme la requalification de l’entrée de ville du Havre, le paysagiste Jean-Marc L’Anton revient sur la façon avec laquelle il prend en compte la flore et la faune locales au sein de ses réalisations.

Comment intégrez-vous le végétal au sein des aménagements paysagers ?

Dans mes projets, j’accorde toujours une importance primordiale au choix et à l’intégration des végétaux. Je travaille en général avec un écologue avec lequel je mène une réflexion en amont du projet afin d’identifier la végétalisation la plus adaptée aux conditions locales.

L’idée primordiale, c’est de travailler à partir de ce que l’on a à disposition. Il s’agit en fait de réfléchir à la constitution de milieux fertiles en valorisant au maximum l’existant. Dans les écosystèmes projetés, il arrive souvent que certaines plantes ne soient pas disponibles sur le marché et il faut donc trouver des alternatives qui restent cohérentes avec l’objectif à terme. Un milieu se constitue en effet parfois sur un temps long et nous devons souvent en construire avant tout le « squelette ».

Portrait de Jean-Marc L’Anton. © Philippe Demail / VAL’HOR.


Comment tenez-vous compte de la faune ?

Il s’agit d’un élément important à prendre en compte, même en plein cœur des villes. Je travaille en ce moment sur le projet de boulevard urbain Altival. Il a vocation à faciliter la circulation des lignes de transports en commun entre Ormesson et Noisy-le-Grand en Île-de-France. Ce projet va également structurer une continuité écologique sur plusieurs kilomètres autour d’une « promenade géographique ». Or, nous savons qu’une telle continuité mal conçue peut aussi faire monter les taux de mortalité de la petite faune, comme les hérissons. Les aménagements doivent donc être regardés jusque dans le détail afin d’éviter ces pièges que l’on appelle des puits de mortalité. C’est pourquoi, je me suis associé avec des écologues « de projet ».

En matière d’urbanisme, il faut des paysagistes-urbanistes pour passer, par le projet, de la prescription à l’aménagement accompli. Il en est de même en matière d’écologie. Si nombre de prescriptions, d’injonctions environnementales, s’imposent aux aménagements, il n’y a que par une attitude de projet que nous réussirons de façon fertile à associer l’homme et la nature en milieu urbain.

Il faut aujourd’hui remettre le vivant au centre de nos aménagements. Plus que l’écologie prescriptive, il nous faut continuer à inventer une écologie de projet.

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