Éducation des plus jeunes : le végétal au programme ! 

Enquête - Le 19 septembre 2019



À Longvic (21), les élèves s’adonnent joyeusement au jardinage sous la supervision de professionnels. © VALHOR.

Pour reconnecter les jeunes citoyens à la nature, de nombreuses actions pédagogiques ou périscolaires voient le jour au sein des écoles en collaboration avec les professionnels du paysage.

Dans notre monde urbanisé et hyperconnecté, il s’opère une extinction progressive de « l’expérience de nature », soit une baisse d’occasions et d’envie d’expérimenter la nature sans contrainte, librement et de façon personnelle1. Les premiers touchés sont les enfants qui passent, en grande majorité, à côté d’un environnement naturel susceptible de réduire leur anxiété, d’améliorer leur capacité d’attention voire de diminuer leur hyperactivité. Ce manque de nature s’observe notamment au sein des écoles : en 2014, la quasi-totalité des Français considéraient que la botanique occupait une place insuffisante dans l’éducation2. Par ailleurs, la connexion avec la nature est essentielle pour sensibiliser au réchauffement climatique.

Afin d’élargir les opérations de sensibilisation au végétal et à la biodiversité à l’ensemble des enfants, très sensible à ces questions, les professionnels de l’éducation et les collectivités collaborent avec des experts du paysage. Ensemble, ils imaginent des initiatives pour renouer le lien entre les jeunes et la nature, dans les programmes scolaires comme dans les cours de récréation.


Le jardinage périscolaire : un premier pas vers l’écocitoyenneté

Aussitôt sensibilisés, les élèves souhaitent passer à l’action. Après avoir enseigné aux enfants la saisonnalité des plantes, les techniques de plantation, les bonnes pratiques de gestion de l’eau et les manières de préserver notre écosystème, il s’agit de mettre en œuvre ces connaissances. De nombreux jardins pédagogiques ont ainsi été créés ces dernières années en France : une manière ludique pour initier les enfants à la nature et à la biodiversité.

Selon Patrick Mioulane, journaliste spécialiste des jardins, et Président de l’association Pacte pour le jardin, « ces espaces pédagogiques sont essentiels à la responsabilisation des enfants vis-à-vis d’organismes vivants ». Véritables foyers de biodiversité, les jardins donnent l’occasion de découvrir différents types d’insectes pollinisateurs et les oiseaux dont la survie dépend de ces poches de verdure.

Les potagers périscolaires ont aussi le vent en poupe. À Paul-Nicolle de Cherbourg-en-Cotentin, dans la Manche, les élèves cultivent des radis et des fraises dans la cour de l’école. Grâce au potager, les enfants découvrent le compost, les semis de légumes ou encore les plantes aromatiques.


Le jardin Agathe Roullot, à Chaumont (52) est une aire de jeu et d’apprentissage pour les jeunes élèves. © Les Victoires du Paysage / VALHOR. Ci-dessous : Véritables foyers de biodiversité, les jardins donnent aux enfants l’occasion de découvrir la nature sous un nouvel angle. © Les Victoires du Paysage / VALHOR.


Dans les Bouches-du-Rhône, à Miramas, le projet local « Un jardin dans mon école » a stimulé la création de jardins et potagers dans 14 établissements. À l’école Jean-Macé, ce sont des élèves volontaires qui entretiennent les cultures, sans recourir aux pesticides, tous les mardis de midi à 14 heures. Une étude néerlandaise sur l’attitude des enfants en présence de végétal avait déjà permis de constater que « non seulement les enfants n’arrachent pas les plantes, mais ils font également attention à ne pas les piétiner et les laissent tranquilles »3. Le résultat est là : les cours d’écoles végétalisées représentent un premier pas vers l’écocitoyenneté.

Essentielle pour recréer des expériences de nature chez les enfants, la végétalisation des écoles va aussi devenir une nécessité face au réchauffement climatique. À Paris, le projet « Oasis »4 se donne comme objectif de générer des îlots de fraîcheur dans les cours d’école en désimperméabilisant les sols et en renforçant la végétalisation. En septembre 2019, trois cours ont ainsi été transformées, tandis que la totalité des cours parisiennes, ouvertes au public pendant les week-ends et les vacances scolaires, seront adaptées d’ici à 2040.

Des animations au sein des établissements scolaires

Afin d’aider les professionnels de l’éducation à concevoir des animations autour du végétal et leur fournir des supports pédagogiques, les interprofessions VALHOR et le GNIS (Groupement national interprofessionnel des semences et plants) proposent des outils de communication dédiés au jardinage à l’école. Un site officiel, organisé sous la forme d’une pédagothèque, donne aux enseignants des conseils pour bâtir leur projet de jardinage périscolaire, établir la programmation des activités et organiser l’entretien d’un jardin tout au long de l’année. À noter, chaque année, à l’arrivée du printemps est organisée la « Semaine du jardinage pour les écoles », avec des animations spécifiques pour des classes maternelles et élémentaires.

Avec son « École des abeilles », visant à sensibiliser les enfants à la protection de la biodiversité, l’Observatoire français d’apidologie fournit des mallettes pédagogiques à des ambassadeurs bénévoles issus de la société civile, dans le but de sensibiliser les classes en coanimant des ateliers avec les enseignants.

Dans une autre mesure, des opérations pédagogiques sont organisées par les CAUE5 et visent à sensibiliser les jeunes de l’élémentaire au lycée aux arts et techniques de l’espace et à l’environnement urbain. Ces ateliers animés par des professionnels, tel que « Les architectes et les paysagistes dans les classes », ont vocation à éveiller leur curiosité et à les préparer à devenir des citoyens éclairés, notamment face à une méconnaissance de la filière du paysage et du végétal qui représente pourtant un secteur très varié, avec plus de 50 000 entreprises et 300 000 emplois directs.

1 http://www.espaces-naturels.info/se-mobiliser-contre-extinction-experience-nature
2 Sondage BVA “Les connaissances des Français et de leurs enfants sur le monde végétal”, avril 2014.
3 Alterra rapport “Meer groen op het schoolplein” (http://edepot.wur.nl/283415).
4 https://www.paris.fr/pages/les-cours-oasis-une-reponse-aux-defis-du-changement-climatique-6139
5 Conseil d’urbanisme, d’architecture et de l’environnement.