« Les acheteurs publics se doivent de maintenir leurs commandes de végétaux »

Etienne Gourbesville, directeur Paysages et Biodiversité de la ville d’Annecy
Point de vue - Le 23 avril 2020


Fleur d’or depuis 2015 au Concours des villes et villages fleuris, la ville d’Annecy (Haute-Savoie) accorde une importance primordiale à la végétalisation de ses espaces publics. Son directeur Paysages et Biodiversité, Etienne Gourbesville, explique pourquoi Annecy a souhaité maintenir l’ensemble de ses commandes et comment elle s’est organisée en conséquence.

© Etienne GourbesvillePourriez-vous nous expliquer ce qui a motivé votre souhait de réceptionner vos commandes de végétaux en pleine crise ?

À Annecy, on a maintenu l’ensemble de nos commandes car nous pensons que c’est la responsabilité des collectivités de les honorer. C’est aussi un élément indispensable à la remise en route de l’usage même de la Ville et de ses espaces de nature, à la levée du confinement. La fourniture de végétaux se fait par le biais d’un accord-cadre, et nous avions passé une commande auprès d’une pépinière de la région Auvergne Rhône-Alpes avant la crise. Cette commande représente 320 arbres d’espèces variées. C’était naturel pour nous de recevoir cette grosse livraison coûte que coûte, car on a conscience des difficultés que traversent les producteurs en ce moment. La crise aurait été un mauvais prétexte pour annuler nos commandes. Elle a certes mis un coup d’arrêt à l’activité pendant quelques semaines, mais cela repart progressivement. On est capable de planter, d’honorer ces plantations et celles à venir. Nous recevrons d’ailleurs les vivaces dans quelques semaines.

À quel moment aller vous planter les arbres reçus ?

Nous avions prévu de les planter dès réception, mais le ferons finalement cet automne. Pour les entretenir d’ici là, nous avons conçu une jauge pour 320 arbres ainsi qu’un système d’arrosage intégré.

Quelles sont les conséquences de la crise pour votre service ?

Cette crise a très brusquement désorganisé notre manière de faire. On pourrait légitimement penser qu’on va subir des pertes, mais recevoir nos commandes semblait être la bonne chose à faire. Cette volonté ne résulte d’ailleurs pas de la Direction mais des agents de terrain, et je les en félicite. Cela montre la préoccupation des agents de la ville pour le service public territorial et leur sens des responsabilités. Plus généralement, cette action reflète aussi l’état d’esprit de notre ville, où le végétal est à la fois un guide et un point d’appui depuis longtemps.

Comment s’organise votre commande de végétaux ?

En tant que collectivité ayant fusionné avec 5 autres communes en 2017, nous avons une double responsabilité : vis-à-vis des habitants – car on doit utiliser judicieusement l’argent public – et vis-à-vis des entreprises locales – car la ville est un acteur économique majeur sur le bassin de vie. Aujourd’hui, on procède uniquement par accord-cadre pour nos commandes publiques de végétaux. Sur les 14 entreprises présélectionnées, 10 sont des producteurs français qui ont su répondre aux exigences qualitatives et économiques. Nous connaissons bien la charte d’achat public, faite en lien avec le préfet de région et relayée par la Fédération des producteurs de l’horticulture et des pépinières. Cette charte nous donne des clés pour favoriser l’achat local. Actuellement, nous étudions d’autres outils pour favoriser la commande locale, comme le sourcing – pour réaliser des cahiers des charges adaptés et identifier les innovations – et le contrat de culture – pour pérenniser le partenariat producteur/collectivité. Cette pratique permet de garantir l’offre la plus économique aux donneurs d’ordre tout en soutenant l’économie locale.

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