« Nous avons voulu casser les codes de l’urbanisme du secteur tertiaire »

Michael Pelissier, président de l’entreprise de maçonnerie paysagère Sols
Point de vue - Le 14 novembre 2019

 

Michael Pelissier. © Groupe Sols

Michael Pelissier, président de l’entreprise de maçonnerie paysagère Sols, revient sur la création de son siège social végétalisé, primé aux Victoires du paysage en 2016.

Le siège social de SOLS à Livron-sur-Drôme a obtenu l’Or aux Victoires du paysage en 2016. À quels besoins votre décision d’intégrer du végétal à une aire industrielle de ce genre répondait-elle ?

Notre volonté première a été de casser les codes de l’urbanisme du secteur tertiaire qui consacrent une place trop importante à l’enrobé et aux minéraux, à l’extérieur comme sur les façades, dans les projets d’aménagement du secteur tertiaire. Au siège de Sols, nous avons voulu donner une place plus importante à la partie verte qu’au bâti, dans une logique de préservation de la nature préexistante, sur le modèle des campus américains.
Michael Pelissier. © Groupe Sols


Outre être notre siège social, ce lieu est également un showroom de 3 000 m2 qui valorise les revêtements minéraux de Sols mais aussi les différentes plantations choisies chez nos fournisseurs. À l’attention des architectes, des urbanistes et des entrepreneurs du paysage, il est accessible librement. Nous l’avons pensé pour être interchangeable facilement : replantations, changements de revêtements… Ce lieu vit, il est en quelque sorte l’échelle 1 de tous nos projets. Grâce aux Victoires du Paysage, les acteurs de la profession paysagiste qui n’étaient pas encore venus au showroom se sont finalement présentés à nous, désireux de découvrir cet équilibre entre minéral et végétal auquel nous sommes parvenus.

La création d’un tel aménagement paysager a-t-elle représenté un gros budget ?

Tout dépend de votre perception du projet. À nos yeux, le végétal n’était pas une dépense mais un investissement sur le long terme, servant le bien-être des salariés comme nos ambitions commerciales. C’est pourquoi nous avons investi 20 % du budget global de réaménagement dans le végétal. Aujourd’hui, chaque fenêtre de nos bureaux donne sur des arbres, et cela n’a pas de prix.


Le siège social de Sols, à Livron-sur-Drôme (26), est un îlot de verdure et une soupape de décompression pour les collaborateurs.

Quels sont les bénéfices que vous avez constatés ?

Tout d’abord, les parkings végétalisés sont de véritables îlots de fraîcheur en été, grâce à l’usage d’un béton spécifique végétalisé et drainant. Grâce à la présence de plantes aromatiques, nous avons également transformé cet espace en îlot de senteurs. Afin d’accéder au bâtiment du siège social, il faut forcément prendre les chemins végétalisés, qui s’étendent sur 50 ou 200 mètres selon l’option choisie. Il n’est pas rare que nos employés y descendent pour téléphoner. L’idée est de gagner en concentration en arrivant le matin et de décompresser en repartant le soir.

Au départ, le terrain n’était pas entièrement constructible car comportant une zone humide. Nous avons transformé cette dernière en parking au moyen de noues végétalisées sans perturber la petite faune existante. Aujourd’hui nous avons 3 ruches, gérées par le responsable d’exploitation du site, qui fabrique aussi du miel. Nous avons également remarqué deux castors qui ont colonisé les berges du canal adjacent !

Comment assurez-vous l’entretien de ces espaces verts ?

Pour sensibiliser les collaborateurs au végétal, nous avons commencé par les inclure dans la réflexion globale dès le départ, en les faisant participer à la sélection des végétaux lors de visites en pépinières. Aujourd’hui, ils prennent très à cœur l’entretien de ce lieu qu’ils aiment. Attentifs à sa propreté, ils appellent régulièrement les Jardins de Provence, notre filiale, quand ils remarquent des anomalies. L’entretien du site est effectué sans recourir aux produits phytosanitaires. Nous avons la chance d’avoir une usine de recyclage des déchets à
500 mètres, ainsi tous les éléments coupés ou arrachés y sont envoyés.

Au vu de votre expérience, quels conseils donneriez-vous à des entreprises souhaitant également végétaliser leurs lieux de travail ?

Le point de départ de tout projet paysager est le paysagiste. Nous avons fait le choix de recourir à une agence de paysage locale, avec qui nous avions déjà travaillé à de nombreuses reprises. Une bonne entente avec le maître d’ouvrage comme le maître d’œuvre est nécessaire car c’est une collaboration de chaque instant. Il est impératif d’être sur la même longueur d’ondes. Pour nous, l’idée commune était de partager l’espace entre végétal et minéral dans une logique de cohabitation harmonieuse.

Ensuite, il ne faut pas restreindre le budget des extérieurs au profit d’une super-infrastructure. Il vaut mieux un bel espace végétalisé que de beaux bureaux ! Cet investissement est essentiel que ce soit en termes d’esthétique, de biodiversité, de porosité des sols ou encore de bien-être végétal et humain !