« Le végétal offre des alternatives viables et plus économiques que les canalisations »

Marc Barra, écologue au sein de l’Agence régionale de la biodiversité en Île-de-France
Point de vue - Le 28 mai 2019


La plupart des communes doivent faire face à la saturation dangereuse et coûteuse des systèmes de canalisation. En se basant sur des mécanismes naturels, des aménagements paysagers recourant au végétal permettent pourtant d’éviter les eaux de ruissellement.

Marc Barra

En quoi les infrastructures vertes peuvent-elles aider les communes à mieux gérer les eaux de pluie ?

Le végétal offre des alternatives viables aux systèmes de canalisation et permet de gérer efficacement le ruissellement et les pluies d'orage. Nombreux sont les quartiers qui s’en inspirent aujourd’hui, démultipliant les surfaces végétalisées en pleine terre pour limiter la saturation des réseaux, voire pour s’en passer totalement. Ce « 100 % infiltration à la parcelle » est déjà à l’œuvre dans plusieurs collectivités : en Seine-Saint-Denis, des espaces verts ont vocation à absorber les eaux pluviales, tandis qu’à Nantes, l’écoquartier de la Bottière-Chénaie est totalement perméable à la pluie. 

Comment mettre en œuvre ces « quartiers éponges » ?

Aux abords de la voirie ou en sortie de gouttières, les noues végétalisées comme les jardins de pluie permettent de stocker l’eau lors des orages et de la restituer lentement et naturellement dans le milieu. La présence d’arbres est par ailleurs indispensable : un chêne adulte capte près de 200 litres d'eau chaque jour ! Ces espaces de végétation permettent d’éviter les eaux de ruissellement à l’échelle d’un quartier s’ils sont répartis de façon cohérente. Par ailleurs, il faut prévoir un maximum d’espaces verts en pleine terre et non tassés. Si la pleine terre n’est pas possible, comme pour la voirie ou les trottoirs, des revêtements drainants, végétalisables ou non, existent. Dans certains cas, il est également possible d’opter pour des bâtiments sur pilotis, laissant aux sols leur rôle de filtre.

L’Agence régionale de la biodiversité en Île-de-France mène une étude permettant de comparer le coût global des infrastructures grises et vertes pour la gestion des eaux pluviales. Quels en sont les premiers résultats ?
L’agence a notamment comparé les coûts liés à plusieurs techniques : bassins enterrés en béton, structures alvéolaires ultralégères, noues végétalisées, tranchées drainantes et bassins de rétention plus ou moins végétalisés. Les premiers résultats montrent que les noues végétalisées sont la solution la plus économique, quelle que soit la période de retour de la pluie considérée. Cette alternative consomme toutefois de l’espace foncier, ce qui n’est pas le cas des tranchées drainantes, deuxième option la plus économique. Les bassins de rétention ouverts sont également un type de solution économique, surtout lorsque les besoins de stockage sont grands. Ils consomment également de la surface foncière © Gilles Lecuir mais cela est compensé par leur aspect multifonctionnel. Enfin, les bassins de stockage enterrés en béton s’avèrent être les solutions les plus coûteuses.

Concrètement, une étude de cas à Nanterre montre que le coût annuel pour gérer 1m3 d’eau pluviale par le réseau alternatif mis en place dans le parc de Chenevreux est compris entre 6,33 et 11,06 euros/m3 tandis que celui d’une infrastructure grise de la rue Anatole France, toujours à Nanterre, est évalué à au moins 37,07 euros/m3 sur la base d’une même quantité d’eau à gérer !

Un jardin « éponge » pour gérer les eaux pluviales, à Nanterre (92). © Gilles Lecuir

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