Canicule : le végétal est essentiel pour rafraîchir nos villes

Enquête - Le 04 juillet 2019


Place de la Brèche à Niort
En plein cœur de ville, les Niortais peuvent profiter de la fraîcheur procurée par les érables planes ainsi que les nombreux compartiments végétaux de la place de la Brèche. © VAL’HOR, DR.

Le récent épisode de canicule nous l’a rappelé : nos villes ne sont pas adaptées aux pics de chaleur qui ont pourtant vocation à devenir de plus en plus récurrents. Pour faire baisser les températures face à ces phénomènes répétitifs, la végétalisation est l’un des leviers les plus efficaces à mettre en œuvre.

Si les périodes de canicule s’intensifient avec le changement climatique, ces phénomènes trouvent aussi leur origine dans la conception même de nos aménagements urbains1. Et la tendance n’est pas près de s’arrêter : sur les 7 à 8°C d’augmentation de température prévue d’ici à 2100 au sein des villes les plus peuplées, environ 5°C s’expliquent par la seule bétonisation de nos milieux urbains. En effet, brique, bitume et béton prédominent dans l’espace de nombreuses communes. En accumulant la chaleur en journée et en la restituant durant la nuit, ils sont responsables des îlots de chaleur urbains, ces zones au sein desquelles la température est anormalement élevée. Un phénomène observable dans les grandes comme dans les petites villes.

« Nos villes ne sont pas du tout pensées pour faire face aux grosses chaleurs, observe Anne Ruas, géographe et chercheuse à l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (Ifsttar). Une ville comme Paris a très peu de volets, pas de terrasses, pas de patio, comme c’est le cas dans les villes du Sud. Il est très difficile de rectifier le design et les usages d’une ville. Tout le défi est de trouver des solutions simples et économiques qui permettent de passer les crises, car on ne va pas reconstruire Paris, Grenoble ou Lyon. »2


Des vertus naturelles pour rafraîchir et assainir l’air

En traversant la place de la Brèche à Niort (79), le contraste de température est saisissant. Végétalisé en 2013, l’endroit connaît des températures qui peuvent être inférieures à 6°C au reste de la ville en période de grosses chaleurs. Le secret de ce phénomène : l’évapotranspiration. En évaporant de l’eau, les végétaux permettent de rafraîchir l’atmosphère. Un arbre mature peut évaporer jusqu’à 450 litres d’eau, soit l’équivalent de cinq climatiseurs qui tourneraient pendant 20 heures. En créant de l'ombre, les arbres évitent par ailleurs aux sols minéraux des villes de stocker la chaleur.

 

Les berges de LyonLes berges arborées de Lyon (69), véritable oasis de fraîcheur pendant la canicule, offrent 10 hectares de parc promenade aux piétons et cyclistes.
© In Situ.
Cœur de ville RennesDepuis 2015, le mail François-Mitterrand à Rennes (35), qualifié de « Champs-Élysées rennais », offre à ses habitants des espaces de détente et d’activités ludiques à l’ombre en période estivale.
© VAL’HOR/S. Barthélémy.

 

Agir à l’échelle de chaque ville 

Le 4 juin, la ville de Paris a annoncé la création de quatre forêts urbaines dans des lieux symboliques, comme l’Hôtel de ville ou l’Opéra Garnier, ou encore des « oasis de fraîcheur » dans 28 écoles de la capitale. L’objectif est de permettre à ces endroits de rejoindre la longue liste des îlots de fraîcheur répertoriés par l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR), dont les parcs Montsouris, André Citroën et des Buttes-Chaumont ainsi que le cimetière très vert du Père Lachaise. Selon la taille ou la configuration des communes, plusieurs types d’aménagements urbains permettent l’émergence de points de fraîcheur : arbres d’alignement, massifs herbacés ou arbustifs dans les rues ou les ronds-points, enveloppes végétales pour les bâtiments, parcs, friches, noues végétalisées, agriculture ou encore forêt périurbaine. C’est dans cette logique que l'Eurométropole de Strasbourg a initié son programme urbain « Strasbourg, ça pousse » pour une plantation de 1 000 arbres en 2017.

La plantation des arbres n’est cependant pas à laisser au hasard. « Il faut avoir les bonnes actions adaptées au climat local », soulignait récemment Solène Marry, docteure en urbanisme à l’ADEME3. C’est cet organisme, en partenariat avec la région Haut-de-France, qui est à l’origine de l’outil Arboclimat conçu pour sensibiliser les acteurs du paysage aux bonnes pratiques de plantation et les aider dans leurs démarches. Destiné aux experts de l’arbre comme aux néophytes, l’outil vise une végétalisation pertinente et efficace en permettant aux collectivités, aménageurs et élus de choisir les bonnes espèces d’arbres pour leur commune selon un éventail de 6 critères. Ainsi, l’outil permet de mesurer la capacité de l’essence à stocker le carbone tout au long de sa vie ; à impacter sur le confort thermique d’été par ombrage et évapotranspiration ; à ne pas produire d’allergène ; à participer à la biodiversité en tant qu’hôte ou producteur de nourriture ou encore à stocker ou éliminer des polluants atmosphériques. Il est temps d’agir :  la fréquence des canicules devrait doubler d’ici à 2050 et les températures encore augmenter, avec des étés atteignant en moyenne les températures de la canicule de 2003, la plus importante connue en France jusqu’ici4.

1 Francisco Estrada, W.J. Wouter Botzen & Richard S.J.Tol, A Global Economic Assessment of City Policies to Reduce Climate Change Impacts, Nature Climate Change, mai 2017.
2 Le Monde, 4 juin 2019.
3 Usbek et Rica – « Canicule : Végétaliser les villes, c’est maintenant et c’est possible » 26.06.19.
4 Le Monde – Des vagues de chaleur plus fréquentes et plus sévères – 29.09.19.

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